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oir!

Quand flottent les ombres glacées,
Quand l'azur s'éclipse à nos yeux,
Ce sont d'effrayantes pensées
Que celles qui viennent des cieux!

Oh! la nuit muette et livide
Fait vibrer quelque chose en nous!
Pourquoi cherche-t-on dans le vide?
Pourquoi tombe-t-on à genoux?

Quelle est cette secrète fibre?
D'où vient que, sous ce. morne effroi,
Le moineau ne se sent plus libre,
Le lion ne se sent plus roi?
 
Questions dans l'ombre enfouies!
Au fond du ciel de deuil couvert,
Dans ces profondeurs inouïes
Où l'âme plonge, où l'oeil se perd,

Que se passe-t-il de terrible
Qui fait que l'homme, esprit banni,
A peur de votre calme horrible,
O ténèbres de l'infini?

20 mars 1846.

XXXV