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Tout s'éteint. L'horizon recule.
Il regarde en ce lointain noir
Se former dans le crépuscule
Les vagues ,figures du soir.

La plaine, qu'une brise effleure,
Ajoute, ouverte au. vent des nuits,
A la solennité de l'heure
L'apaisement de tous les bruits. -

À peine, ténébreux murmures,
Entend-on, dans l'espace mort,
Les palpitations obscures
De ce qui veillé quand tout dort.

Les broussailles, les grès, les ormes,
Le vieux saule, le pan de mur,
 
Deviennent les contours difformes
De je ne sais quel monde obscur.

L'insecte aux nocturnes élytres
Imite le cri des sabbats.
Les étangs sont comme des vitres
Par où l'on voit le ciel d'en bas.

Par degrés, monts, forêts, cieux, terre,
Tout prend l'aspect terrible et grand
D'un monde entrant dans un mystère,
D'un navire dans l'ombre entrant.