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L’ESPRIT HUMAIN.

Et je voyais au loin sur ma tête un point noir.
Comme on voit une mouche au plafond se mouvoir,
Ce point allait, venait ; et l’ombre était sublime.

Et l’homme, quand il pense, étant ailé, l’abîme
M’attirant dans sa nuit toujours de plus en plus,
Comme une algue qu’entraîne un ténébreux reflux,
Vers ce point noir, planant dans la profondeur blême,
Je me sentais déjà m’envoler de moi-même
Quand je fus arrêté par quelqu’un qui me dit
« Demeure. »
                   En même temps une main s’étendit.
J’étais déjà très haut dans la nuée obscure.

Et je vis apparaître une étrange figure ;
Un être tout semé de bouches, d’ailes, d’yeux ;
Vivant, presque lugubre et presque radieux.
Vaste, il volait ; plusieurs des ailes étaient chauves.
En s’agitant, les cils de ses prunelles fauves
Jetaient plus de rumeur qu’une troupe d’oiseaux