Langue puissante, aussi transparente que le cristal, aussi tranchante que l’acier, aussi riche que ce métal de Corinthe fait de la fonte de tous les métaux précieux.
… Les grands poètes portent partout le sentiment des harmonies dans l’harmonie ; La Révolution ressemble à ce « bouclier de l’avenir » que Victor Hugo nous montre fait d’une « poignée énorme de rayons ».
Les flammes vengeresses qui servent de glaive à l’archange du jugement dernier, et les rayons transparents qui sont le prisme divin de l’idéal s’y entre-croisent dans un magnifique flamboiement.
C’est vraiment un spectacle prodigieux que celui de ce vieillard plus vigoureux et plus ardent que les jeunes gens de notre génération, maître de son esprit et écrivant toujours sans ressentir les fatigues auxquelles nous autres, nous succombons si souvent.
… Ce qui dans Victor Hugo est prodigieux, c’est qu’il a atteint à la perfection dans tous les genres, et que, tout en se montrant grand, il a donné les preuves d’une souplesse remarquable. Il a été véritablement universel. Et c’est en cela qu’il est digne d’incarner ce siècle qui a été marqué par une marche en avant au progrès universellement constatée.
… Nous avons lu avec un intérêt particulier toutes les pages qui se rattachent à ce temps d’exil qui est la période sombre de la vie du grand poète. Elles sont empreintes d’une mélancolie exquise. Il est peut-être cruel de paraître se délecter de ces poésies qui ont été certainement écrites avec des larmes. Mais elles sont si belles qu’on oublie les tristesses dont elles sont la radieuse expression pour s’abandonner à leur charme pénétrant.
Nous voulons finir en adressant au maître l’expression de notre profonde et sincère admiration pour son génie qui, à la face de tous les peuples, met au front de notre France l’éclat incontesté de la souveraineté littéraire. Grâce à lui, notre pays qui n’est plus redoute, est encore envié et respecté. Honneur et merci à lui !
Le nouveau livre de Victor Hugo est un événement national, non point seulement à cause de l’immense génie qui l’a enfanté, non point seulement parce que — ainsi que ses devanciers — il est une consécration de plus de cette immense révolution littéraire, complément de notre révolution politique, qu’a accomplie le grand homme dont, le 27 février dernier, nous fêtions le soixante-dix-neuvième anniversaire, mais surtout parce que toutes les œuvres de Victor Hugo sont l’expression la plus haute des sentiments de patrie, d’humanité, de justice, de fraternité, de vaste idéal humain.
… Ces quatre vents qui soufflent du fond de l’infini apportent au monde ces quatre grandes voix, satirique, dramatique, lyrique, épique dont les verbes merveilleux sont tous familiers à cet universel génie. L’esprit reste joyeusement confondu devant cette production incessante, devant cette inépuisable fécondité, devant cette inspiration toujours égale à elle-même dont l’histoire ne nous avait point jusqu’à ce jour montré l’équivalent…
Ce poète formidable, ce justicier souverain dont les siècles rediront ce livre sau-