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donc plus que la décision du poète. Mais en 1873 Victor Hugo veut reprendre tous ses droits sur son œuvre, et on lit dans ses carnets :

7 novembre. — Meurice est venu. Je lui ai remis, pour être versés à la caisse du Rappel à compte sur les 40 000 francs que je rembourse au Rappel pour le rachat des Quatre vents de l’Esprit, 11 330 francs.

14 décembre. — Je remets à M. Ernest Lefèvre pour la caisse du Rappel, en continuation du rachat du manuscrit des Quatre vents de l’Esprit, 12 670 francs.

12 janvier 1874. — Payé au Rappel entre les mains de M. Ernest Lefèvre, pour le rachat des Quatre vents de l’Esprit (3e paiement), 12 000 francs ; pour parfaire les 40 000 francs et être entièrement libéré, je n’ai plus à payer que 4 000 francs.

18 janvier 1874. — J’ai complété aujourd’hui entre les mains d’Ernest Lefèvre, moyennant 4 000 francs : 1o 1 500 francs en espèces ; 2o 2 500 francs en une traite fin du mois, le paiement de 40 000 francs qui rachètent la rétrocession du traité Panis et me font rentrer en possession du manuscrit des Quatre vents de l’Esprit.

Cette résolution de Victor Hugo ne peut être attribuée qu’à sa volonté d’être le maître de son œuvre pour conserver la liberté de ses projets, car il semble bien que jusqu’à la dernière heure il ait hésité à publier isolément ses Quatre vents de l’Esprit et qu’il ait eu la pensée de les introduire dans Toute la lyre. En effet, dans son carnet de 1875, à la date du 27 décembre, il dit :

J’ai annoncé à Saint-Victor et à Banville qu’un de mes prochains volumes serait intitulé Toute la lyre.

C’est ce qui peut expliquer pourquoi en 1880 il passait sous silence ses deux volumes des Quatre vents de l’Esprit et pourquoi il annonçait Toute la lyre sur les couvertures de Religions et Religion et de l’Âne. Cependant, le 27 février 1881, le peuple de Paris glorifiait l’entrée du poète dans sa quatre-vingtième année. Peut-être eut-il la coquetterie de répondre à cette grandiose manifestation en donnant une œuvre nouvelle, car trois semaines après on lit dans ses carnets :

21 mars 1881 : Je remets à Meurice le Livre satirique plus l’ouverture et Zénith et Nadir.

31 mars : J’ai remis à Paul Meurice (il a déjà le Livre satirique) Margarita et le premier acte de Esca.

Ses carnets ne mentionnent pas la remise de la suite du manuscrit, mais il avait livré une grande partie de la copie dans le courant d’avril, car on lit :

30 avril : J’ai corrigé la première épreuve des Quatre vents de l’Esprit.

8 mai : Demain j’aurai achevé et lundi j’aurai livré la fin des Quatre vents de l’Esprit.

31 mai : Les Quatre vents de l’Esprit paraissent aujourd’hui.

Sur le dos de la couverture on lisait :

Victor Hugo publiera prochainement
PROSE. POÉSIE.
PAGES DE MA VIE. TOUTE LA LYRE.

Nous n’avons trouvé aucune indication sur ce volume : Pages de ma vie, dont la publication prochaine était annoncée. Mais Victor Hugo avait pris tant de notes sur les événements auxquels il avait été mêlé qu’il avait tous les éléments d’un ou de plusieurs volumes. Il suffit de citer ses notes sur son rôle au coup d’État qui forment une partie du reliquat de l’Histoire d’un Crime, ses Choses vues qui ont paru en partie après sa mort, ses carnets qui renferment les pages de sa vie et enfin quantité de fragments sur la politique et la littérature.

Le premier tirage fut fixé à 8 800 exemplaires, soit, en tout, 17 600 volumes.

Comme le disait le Temps, la veille de