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NOTES EXPLICATIVES


Muse, un nommé Ségur, évêque, m’est hostile…

Huit feuillets [108 à 115]. Au troisième, des vers jetés, rayés et utilisés, forment un encadrement. Le feuillet suivant [111] est très curieux ; après avoir donné les raisons que Ségur avait de le peindre sous des couleurs horribles, Victor Hugo dit qu’il faut être indulgent :

Et qu’au lieu de l’aigrir ce spectacle l’apaise ;

Viennent alors seize vers en partie inédits, biffés :

Prenons notre parti du monde tel qu’il est.
N’ayant plus le bûcher, le prêtre
N’ayant plus le bûcher, l’évêque a le sifflet ;
Il ne peut plus vous mettre aux reins la camisole
De soufre et de bitume, hélas ! il se console
De ne plus vous brûler en vous calomniant.
Notre excès de lumière a l’inconvénient
De gêner sur ce point la liberté du culte ;
Le prêtre avait la fourche, il n’a plus que l’insulte.
Ce monde est un chaos
Ce monde est un fouillis de bizarres ressorts ;
Plaignons-le. Comprenons l’église et ses ressorts ;
Être un gredin n’est pas un signe distinctif
Ce sont les sots nombreux qui font les méchants forts.
Être un cuistre est commun.
Les choses sont ainsi. Plus d’un âne à la foire
S’appelle Pontmartin, et plus d’une âme est noire.
Soyons cléments.
Résignons-nous. Laissons Veuillot se réjouir
D’être Veuillot ; laissons l’huître s’épanouir
Dans son écaille ainsi que Vénus dans sa conque,
Et ne nous [troublons]
Et ne nous fâchons pas pour un Ségur quelconque.
Ainsi soit-il !

Le manuscrit n’indique pas d’année, mais l’écriture ressemble assez à celle de 1870-1872. D’autre part, la Correspondance nous révèle l’origine de cette pièce datée octobre et par surcharge novembre. M. de Ségur avait couvert d’injures l’infâme livre des Misérables et son auteur ; ces lignes avaient été communiquées à Victor Hugo en septembre 1872, il avait répliqué immédiatement par une lettre, publiée depuis dans la Correspondance, et peu de temps après il avait écrit ces vers que nous daterons novembre 1872. (Voir p. 449, le fragment isolé.)


Idolâtries et Philosophies.

Pas de date. Le manuscrit est conforme à ceux de Chanson d’aujourd’hui (V) et de La Révolution, datés tous deux de 1857.

Bien plus tard, Victor Hugo a remanié cette pièce et lui a donné un titre ; le deuxième feuillet [118] se rapproche beaucoup de l’écriture de la pièce précédente (Muse, un nommé Ségur…) que nous venons, par les faits, de dater 1872, et pourrait bien avoir été écrit tout entier vers cette époque.