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Que l’autre étant le juste, il faut qu’il soit le grand.
Ô grandeur, de charnier et de meurtre mêlée,
Qui de têtes de mort apparaît étoilée !
Lion superbe ayant le chat pour compagnon !
Conquérant coudoyé par les supplices ! nom
Où la veuve Scarron jette son ombre vile !
Sceptre qui s’est laissé manier par Bâville !
Glaive altier dont la fouine a léché le fourreau !
Lauriers où sont marqués les dix doigts du bourreau !
Roi qui tresse la claie et comble la voirie !
Ô couronne des lys qui, la nuit, se marie
Au bonnet de béguine où l’église souda
La calotte de fer du vieux Torquemada !

Ô peuple que son roi broie et détruit ! désastre
D’un monde sur qui tombe et s’écrase son astre !

Tout le soir de ce règne appartient aux hiboux ;
Dans ce noir crépuscule ils sortent de leurs trous ;
Les billots, les poteaux mêlent leurs vagues formes,
Et l’on voit se dresser, monstrueuses, énormes,
Une roue au couchant, une roue au levant,
Où pendent, disloqués, dans les souffles du vent,
Deux cadavres, sur qui tout le genre humain prie,
L’un est la conscience et l’autre est la patrie.

Ô grand Louis, héros, vainqueur, sacré, flatté,
Adoré, l’avenir, qui dit la vérité
Plus haut que les Fléchiers et que les Bourdaloues,
T’offre un char triomphal, mais avec ces deux roues. ―



Il se fit un silence, et le masque un moment
Se tut, puis se remit à rire affreusement.