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ACTE DEUXIÈME.
LA MARQUISE ZABETH.


Un boudoir avec tous les raffinements du luxe. C’est l’hiver. Feu dans la cheminée. Au fond une haute et large fenêtre par où l’on voit les arbres d’un parc, noirs et couverts de givre. Le boudoir est octogone. Aux deux pans coupés du fond, des deux côtés de la fenêtre, deux grandes portes dorées à deux battants. La porte de droite donne sur les appartements intérieurs, la porte de gauche donne sur les vestibules et les antichambres. Sur une crédence, un bouquet de fleurs exotiques rares ; à côté un écrin ouvert, montrant un fouillis de pierreries, posé sur un plat de vermeil. Sur une assiette de vermeil, un pli cacheté.
La cheminée est à droite. En face, à gauche, une porte bâtarde, basse, dorée.



SCÈNE PREMIÈRE.
NANTAIS, SILLETTE, puis ZABETH.
Sillette range. Elle met l’écrin près du bouquet et l’expose très en vue.
Nantais entr’ouvre un battant de la porte de gauche et passe la tête par l’entre-bâillement.
On entend une chanson dans la coulisse et un bruit de guitare.
CHANSON au dehors.

Zon, zon, Suzon.
On croit n’être que douze à table.
Gibier fin, turbot délectable,
Vins à foison.
On n’est que douze, on est bien aise.
Mais on est treize,
Pas vrai, Suzon ?

SILLETTE, apercevant Nantais.

Laquais de monseigneur, bonjour.

FREDON dans la coulisse.

Laquais de monseigneur, bonjour. Zon zon, Suzon.

NANTAIS.

Qui chante là ?

SILLETTE.

Qui chante là ? L’abbé, meuble de la maison.
Ton maître va venir ?