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GALLUS.

Mais il a l’air d’avoir bien de l’esprit. Jolie
Comme la trahison et comme la folie !
Ce petit pied, ce bras exquis, convenons-en,
Cela n’était pas fait pour rester paysan.

Lison se rapproche du miroir et considère son manteau de velours et d’hermine.
Il la regarde se mirer.

Elle sera perverse en étant bien conduite.
Rien qu’à la voir songer, j’ai compris tout de suite
Qu’en cette fille pauvre et coquette j’avais
Un bon assortiment de tous les goûts mauvais.
Volupté, vanité, toilette, argent, paresse.
De son ongle déjà le diable la caresse.
Croquons-la. Cette fois, je me crois bien tombé.
Une faunesse exquise et digne d’un abbé !

Il s’approche d’elle avec une admiration passionnée.
LISON, regardant le duc fixement.

Souvent le cœur est froid quand les yeux semblent ivres.

GALLUS.

Comment sais-tu cela ?

LISON.

Comment sais-tu cela ? Je l’ai lu dans les livres.

LISON, regardant le duc fixement.

Elle sait lire ! C’est une difformité.
Ma sauvagesse sort de l’université !
Une savante ! Ça trouble mes conjectures.

Il réfléchit.

Tout se répare avec un bon choix de lectures.
Faublas. Crébillon fils.

Faublas. Crébillon fils. Avec un haussement d’épaules.

Faublas. Crébillon fils. Aussi je lui trouvais
Un certain air lettré…

LISON.

Un certain air lettré… Lire ! est-ce donc mauvais ?