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Elles baissent les yeux en sortant de l’église ;
Elles prennent pour rien des airs majestueux ;
Leur croupe se recourbe en replis vertueux.
Moi qui sais le tarif, voir ces saintes-nitouches
S’offrir dans l’ombre en vente et faire les farouches,
Ça m’assomme. Et je viens chercher en d’autres lieux
Quelque chose de pis, c’est-à-dire de mieux.
Je viens ici, parmi les ignorances franches,
Parmi l’échange obscur des baisers sous les branches,
Parmi les impudeurs naïves, faire un choix.
L’acclimatation d’une femme des bois
À la cour, c’est mon rêve, ami !

GUNICH.

À la cour, c’est mon rêve, ami ! Si, par prodige,
Vous la trouvez…

LE DUC GALLUS.

Vous la trouvez… Je veux la dévorer, te dis-je.

GUNICH.

Je vois ce qu’il vous faut, une femme à croquer.

LE DUC GALLUS.

Je m’ennuie !

GUNICH.

Je m’ennuie ! Il serait étrange de manquer
De femmes quand on est prince.

LE DUC GALLUS.

De femmes quand on est prince. Si, d’aventure,
Nous allions déterrer ici la créature !
Je l’espère !

GUNICH.

Je l’espère ! Et le crois. Grattons du bec le sol.
Une allemande avec un regard espagnol
Habite en ce burg.

Habite en ce burg. Regardant au dehors par une des fenêtres ruinées.

Habite en ce burg. Tiens, à point nommé, c’est elle !