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MARGARITA.


Un burg dans une forêt. Intérieur de la grande salle du rez-de-chaussée. Aspect de ruine. Le dénûment rustique mêlé au délabrement seigneurial. De vieilles statues dans des niches, de l’herbe dans le pavé. Dans les coins, des débris. Une table de chêne. Des chaises de bois. Vaisselle d’étain et grosse poterie sur une planche. Coffres le long des murs. Près de la table, sur un bahut de paysan, des in-folio reliés en parchemin. Un ou deux sont ouverts. Dans l’angle à gauche, sous une voussure en ogive, un enfoncement fermé d’une porte à deux volets. À droite, sur le devant, la tourelle de l’escalier en spirale qui mène aux étages d’en haut. Cette tourelle est contiguë à la muraille. La porte de la tourelle s’ouvre sur le devant du théâtre. On en voit les premières marches. Le mur de la tourelle est percé de petites fenêtres longues et étroites. Au fond une grande porte, tout ouverte, donnant sur la forêt. Fenêtres démantelées. Volets descellés. Çà et là des vitres cassées.



SCÈNE PREMIÈRE.
LE DUC GALLUS, GUNICH.
Ils entrent par la porte du fond. Le duc, élégant, beau, grisonnant, environ cinquante ans, avec la prétention de n’en paraître que quarante. Il a un pardessus de voyage. Gunich est vieux.
LE DUC GALLUS.

Que sais-tu d’elle ?

GUNICH.

Que sais-tu d’elle ? Rien. — Son nom, c’est tout. Nella.

LE DUC GALLUS.

Tes talents d’espion ont été jusque-là !

Il regarde autour de lui le délabrement.

Donc, c’est dans ce taudis qu’habite cette fille !

GUNICH.

Avec son père.

LE DUC GALLUS.

Avec son père. Seule en ce burg !