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ZÉNITH.

Pudeur ! le lys t’adore et le ramier candide
T’aime, et l’aube te rit, virginité splendide,
Neige où se posera le pied blanc de l’amour.

NADIR.

À bas la vierge ! à bas le lys ! à bas le jour !
Toute blancheur est fade et bête.

ZÉNITH.

Toute blancheur est fade et bête. Tais-toi, nègre !

NADIR.

Est-ce ma faute, à moi ? L’ange ! tu deviens aigre.
Le nez en l’air, au fond de toute chose assis,
Où tu vois des géants, je vois des raccourcis.
Ce que tu vois monter, moi, je le vois descendre.
Tu vois la flamme aux fronts, je vois aux pieds la cendre.
Tout tient à la façon dont nous sommes placés.

ZÉNITH.

Le bleu matin dorait l’herbe dans les fossés ;
Les froids tombeaux, devant le porche de l’église,
Dormaient. Au coin du bois Pierre rencontra Lise,
Et lui dit : — Viens. — Où donc ? — Au bois. — Je ne veux pas.
Les moissonneurs prenaient à l’ombre leur repas ;
Les gais pinsons jouaient sur les pierres des tombes.
— Oh ! là-bas, sur ce toit, vois toutes ces colombes !
Dit-elle ; et Pierre dit : — C’est chez moi qu’on les voit.
Viens les voir. J’ai ma chambre au bord de ce vieux toit.
J’ai chez moi la colombe et sa sœur l’hirondelle.
Tu pourras dans tes mains les prendre. — Vrai ? dit-elle,
Dans mes mains ? — Dans tes mains ! Viens-tu ? — Je n’ose pas.
Le sentier, complaisant ou traître, pas à pas,
Les mena tous les deux, pensifs, vers la chaumière.
Tout le long du chemin Lise avait peur de Pierre.
Pierre dit : — C’est ici. — Dans l’escalier étroit