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LE SYNODE D’ORIENT.

Que nos fragilités ; tâchons qu’elles soient pures.
Oui, j’ai vu les douleurs, oui, j’ai vu les souillures,
J’ai vu le bien gisant, j’ai vu le mal debout,
Et j’ai songé. Ciel noir ! les crimes sont partout,
Mais il n’est qu’un coupable, et c’est le responsable.
J’ai vu les maux nombreux plus que les grains de sable,
Les forfaits plus épais que les branches des bois,
L’infâme orgie en rut, l’innocence aux abois,
Et j’ai dit en moi-même, en voyant les deux mondes
Pleins de brocanteurs vils et de vendeurs immondes :
Ce prêtre sur l’argent hideusement penché,
Ce juge qui chuchote à voix basse un marché,
Cette fille à l’œil fou, cette bohémienne,
Qu’est-ce qu’ils vendent là ? Leur âme ? Non, la mienne !
Alors j’ai pris la fuite, épouvanté, voulant
Être bon, m’arracher tous ces crimes du flanc,
Guider, sauver, guérir, supprimer les Sodomes,
Bénir, et rendre enfin Dieu respirable aux hommes !

LE PATRIARCHE

Vous avez un devoir, foudroyer.

LE PAPE

Vous avez un devoir, foudroyer. Avertir.

LE PATRIARCHE

Songez au Dieu vengeur.

LE PAPE

Songez au Dieu vengeur. Je songe au Christ martyr.

LE PATRIARCHE

Roi…

LE PAPE


Roi… La chaire changée en trône est impudique.
Pauvre et nu, Jésus règne ; et, roi, le prêtre abdique.