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LE SYNODE D’ORIENT.

L’âme que le manteau de pourpre nous dérobe ;
Je revis. Du linceul le prêtre est bien vêtu.
Il devient sous la bure exemple, honneur, vertu,
Serviteur de qui souffre et juge de qui règne ;
Comme il est faible, il faut que le tyran le craigne ;
Car les faibles sont pleins de la force de Dieu.
Sa robe noire passe à toute heure, en tout lieu,
Parmi les deuils, les maux, les fléaux, les désastres,
Et quand il la secoue il en tombe des astres !
Il en tombe le vrai, le bien, le beau, le grand !
Prêtres, votre richesse est un crime flagrant !
Vos cœurs sont-ils méchants ? Non, vos têtes sont dures.
Frères, j’avais aussi sur moi ce tas d’ordures,
Des perles, des onyx, des saphirs, des rubis.
Oui, j’en avais sur moi, partout, sur mes habits,
Sur mon âme ; mais j’ai vidé cela bien vite
Chez les pauvres.

LE PATRIARCHE

Chez les pauvres. Seigneur et docteur, grand lévite,
Pape sublime, évêque illustre et souverain,
Les tables de la loi sont un livre d’airain ;
Nul n’y peut rien changer, pas même toi, mon père.

UN ÉVÊQUE

Il faut que l’homme souffre afin que Dieu prospère ;
L’or du temple éblouit le pauvre utilement.
Il faut la perle au dogme et l’astre au firmament ;
Il faut que les vivants, foules, essaims ; mêlées,
Volent à la lueur des mitres constellées ;
Cette clarté leur est nécessaire en leur nuit.
Le temple opulent sert et l’autel pauvre nuit.
Il sied que le pasteur comme un soleil se lève.

AUTRE ÉVÊQUE

Parlons des rois avec précaution ; leur glaive
Jette à peu près la même ombre que notre croix ;