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RELIGIONS ET RELIGION.

IX

QUESTIONS.

*

Qui que tu sois, qui vas devant toi, méditant
Des perquisitions dans ce ciel éclatant
Que l’homme de ses dieux au hasard ensemence,
Toi qui rêves, tu n’as de sûr que ta démence,
Toi qui montes, tu n’as de grand que ton orgueil.

D’abord, chercheur, qu’es-tu ? Sur ce flamboyant seuil,
C’est là ce qu’il faut voir avant toute autre chose.

T’appelles-tu Pamphile, Euthyme, Eusèbe, Orose,
N’es-tu qu’un scholiaste, un clerc, un professeur,
D’un palimpseste obscur feuilletant l’épaisseur,
Citant Pierre, Thomas ou Paul, sois blême et triste,
Et ne demande rien au ciel, ô casuiste ;
Fais en dehors de lui ton Dieu. Sois le rhéteur.
Et n’escalade pas l’inutile hauteur.
Si tu n’es que Lactance, homme, il doit te suffire
D’abattre Hiéroclès et d’écraser Porphyre ;
Si tu n’es qu’un docteur d’un culte officiel,
Tu n’as rien à tirer du mystère et du ciel
Qui ne tourne au profit d’une thèse arbitraire,
Et tu ne pourras point, frêle esprit, en extraire
De meilleures raisons que celles que donna
Irénée à Blastus ou Justin à Zena.
C’est bien. Adore un texte, apprends, répète, imite,
Et fais-toi d’une lettre écrite ta limite.
Le ciel, ce précipice où tu plongerais mal,
N’enseigne rien à ceux que lie un joug fatal