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QUERELLES.

Donc je puis leur rouvrir mes vieux bras paternels,
Et de cette façon cette race est sauvée,
Leur innocence étant par un forfait lavée. —



VIII

SUITES

*

L’homme étant la souris dont le diable est le chat,
On appelle ceci Rédemption, Rachat,
Salut du monde ; et, Christ est mort, donc l’homme est libre ;
Et tout est désormais fondé sur l’équilibre
D’un vol de pomme avec l’assassinat de Dieu ;
Soit. Mais ne rions plus quand Thor, à coups d’épieu,
Cherche à tuer Matchi, le grand tigre invisible ;
Ni quand l’archer Zuvoch prend l’astre Aleph pour cible ;
Ne raillons plus Horus qui trompe Hermès l’expert ;
Ni Gog qui joue aux dés la lune et qui la perd ;
Ni la tortue ayant sur son écaille ronde
Huit grands éléphants blancs qui soutiennent le monde ;
Ne raillons plus ces dieux étranges de Délos,
Ailés, palmés, sachant les noms de tous les flots,
Dont la nuit on voyait confusément les trônes
Luire aux pâles sommets des monts Acrocéraunes ;
Et cessons de hausser les épaules devant
Les hottentots prenant dans leurs poings noirs le vent,
Devant les grecs faisant, dans un luncheon nocturne,
Manger ses petits-fils au grand-père Saturne ;
Et ne bafouons plus le nègre et son tabou,
Ni ce temple meublé d’idoles en bambou
Où les sauvages vont avec les sauvagesses.

Ô religions, dieux, certitudes, sagesses !