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Des lys et des roses
Plein le corridor ;
Des lacs de délice
Où le poisson glisse,
Où l’onde se plisse
À des roseaux d’or.

Enfant, rêve encore !
Dors, ô mes amours !
Ta jeune âme ignore
Où s’en vont tes jours.
Comme une algue morte
Tu vas, que t’importe !
Le courant t’emporte,
Mais tu dors toujours !

Sans soin, sans étude,
Tu dors en chemin ;
Et l’inquiétude,
À la froide main,
De son ongle aride
Sur ton front candide
Qui n’a point de ride,
N’écrit pas : Demain !

Il dort, innocence !
Les anges sereins
Qui savent d’avance
Le sort des humains,
Le voyant sans armes,
Sans peur, sans alarmes,
Baisent avec larmes
Ses petits mains.

Leurs lèvres effleurent
Ses lèvres de miel.
L’enfant voit qu’ils pleurent