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LES RAYONS ET LES OMBRES.

jour, il soulève un coin du voile qui cache sa pensée ; et déjà peut-être les esprits attentifs aperçoivent-ils quelque unité dans cette collection d’œuvres au premier aspect isolées et divergentes.

L’auteur pense que tout poëte véritable, indépendamment des pensées qui lui viennent de son organisation propre et des pensées qui lui viennent de la vérité éternelle, doit contenir la somme des idées de son temps.

Quant à cette poésie qu’il publie aujourd’hui, il en parlera peu. Ce qu’il voudrait qu’elle fût, il vient de le dire dans les pages qui précèdent ; ce qu’elle est, le lecteur l’appréciera.

On trouvera dans ce volume, à quelques nuances près, la même manière de voir les faits et les hommes que dans les trois volumes de poésie qui le précèdent immédiatement et qui appartiennent à la seconde période de la pensée de l’auteur, publiés, l’un en 1831, l’autre en 1835 et le dernier en 1837. Ce livre les continue. Seulement, dans les Rayons et les Ombres, peut-être l’horizon est-il plus élargi, le ciel plus bleu, le calme plus profond.

Plusieurs pièces de ce volume montreront au lecteur que l’auteur n’est pas infidèle à la mission qu’il s’était assignée à lui-même dans le prélude des Voix intérieures :

Pierre à pierre, en songeant aux croyances éteintes.
Sous la société qui tremble à tous les vents.
Le penseur reconstruit ces deux colonnes saintes ;
Le respect des vieillards et l’amour des enfants.

Pour ce qui est des questions de style et de forme, il n’en parlera point. Les personnes qui veulent bien lire ce qu’il écrit savent depuis longtemps que, s’il admet quelquefois, en de certains cas, le vague et le demi-jour dans la pensée, il les admet plus rarement dans l’expression. Sans méconnaître la