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Là, je vois, comme un vase allumé sur l’autel,
Le toit lointain qui fume ;
Et le soir je compare aux purs flambeaux du ciel
Tout flambeau qui s’allume.

Là j’abandonne aux vents mon esprit sérieux,
Comme l’oiseau sa plume ;
Là, je songe au malheur de l’homme, et j’entends mieux
Le bruit de cette enclume,

Là, je contemple, ému, tout ce qui s’offre aux yeux,
Onde, terre, verdure ;
Et je vois l’homme au loin, mage mystérieux,
Traverser la nature !

Pourquoi me plaindre, ami ? Tout homme à tout
Souffre des maux sans nombre. [moment
Moi, sur qui vient la nuit, j’ai gardé seulement
Dans mon horizon sombre,

Comme un rayon du soir au front d’un mont obscur,
L’amour, divine flamme,
L’amour, qui dore encor ce que j’ai de plus pur
Et de plus haut dans l’âme !

Sans doute en mon avril, ne sachant rien à fond,
Jeune, crédule, austère,
J’ai fait des songes d’or comme tous ceux qui font
Des songes sur la terre !

J’ai vu la vie en fleur sur mon front s’élever
Pleine de douces choses.
Mais quoi ! me crois-tu assez fou pour rêver
L’éternité des roses ?

Les chimères, qu’enfant mes mains croyaient toucher,
Maintenant sont absentes ;