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IV


Console-toi, poète ! — Un jour, bientôt peut-être,
Les cœurs te reviendront,
Et pour tous les regards on verra reparaître
Les flammes de ton front.

Tous les côté ternis par ta gloire outragée,
Nettoyés un matin,
Seront comme une dalle avec soin épongée
Après un grand festin.

En vain tes ennemis auront armé le monde
De leur rire moqueur,
Et sur les grands chemins répandu comme l’onde
Les secrets de ton cœur.

En vain ils jetteront leur rage humiliée
Sur ton nom ravagé.
Comme un chien qui remâche une chair oubliée
Sur l’os déjà rongé.

Ils ne prévaudront pas, ces hommes qui t’entourent
De leurs obscurs réseaux
Ils passeront ainsi que ces lueurs qui courent
A travers les roseaux.

Ils auront bien toujours pour toi toute la haine
Des démons pour le Dieu ;
Mais un souffle éteindra leur bouche impure pleine
De parole de feu.

Ils s’évanouiront, et la foule et ravie
Verra, d’un œil pieux,