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Tes ennemis ont pris ta belle destinée
Et l’ont brisée en fleur.
Ils ont fait de ta gloire aux carrefours traînée
Ta plus grande douleur !

Leurs mains ont retourné ta robe, dont le lustre
Irritait leur fureur ;
Avec la même pourpre ils t’ont fait vil d’illustre,
Et forçat d’empereur !

Nul ne te défend plus. On se fait une fête
De tes maux aggravés.
On ne parle de toi qu’en secouant la tête,
Et l’on dit : Vous savez !

Hélas ! pour te haïr tous les cœurs se rencontrent.
Tous t’ont abandonné.
Et tes amis pensifs sont comme ceux qui montrent
Un palais ruiné.

II


Mais va, pour qui comprend ton âme haute et grave,
Tu n’en es que plus grand.
Ta vie a, maintenant que l’obstacle l’entrave,
La rumeur du torrent.

Tous ceux qui de tes jours orageux et sublimes
S’approchent sans effroi
Reviennent en disant qu’ils ont vu des abîmes
En se penchant sur toi !

Mais peut-être, à travers l’eau de ce gouffre immense
Et de ce cœur profond,