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Retire tous les fruits de l’arbre
Et tous les rayons de l’azur.

Il pleure, la nature est morte !
Ô rude hiver ! ô dure loi !
Soudain un ange ouvre sa porte
Et dit en souriant : C’est moi !

Cet ange qui donne et tremble,
C’est l’aumône aux yeux de douceur,
Au front crédule, et qui ressemble
À la foi dont elle est la sœur !

« Je suis la Charité, l’amie
Qui se réveille avant le jour,
Quand la nature est rendormie,
Et que Dieu m’a dit : À ton tour !

« Je viens visiter ta chaumière
Veuve de l’été si charmant !
Je suis fille de la prière.
J’ai des mains qu’on ouvre aisément.

« J’accours ! car la saison est dure.
j’accours, car l’indigent a froid
J’accours, car la tiède verdure
Ne fait plus d’ombre sur le toit !

« je prie, et jamais je n’ordonne.
Chère à tout homme quel qu’il soit,
Je laisse la joie à qui donne
Et je l’apporte à qui reçoit. »

Ô figure auguste et modeste,
Où le Seigneur mêla pour nous
Ce que l’ange a de plus céleste,
Ce que la femme a de plus doux !