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Qu’il rêve un ciel de pluie, un tombereau qui roule,
Et là-bas, tout au fond, au-dessus de la foule,
Quelque étrange échafaud dans la brume entrevu !

"Frères par la naissance et par le malheur frères,
Les deux autres fuiront, battus des vents contraires.
Le règne de Louis, roi de quelques bannis,
Commence dans l’exil, celui de Charles y tombe.
L’un n’aura pas de sacre et l’autre pas de tombe.
A l’un Reims doit manquer, à l’autre Saint-Denis ! "

VII


Quel rêve horrible ! – C’est l’histoire.
De nos père couchés dans les tombeaux profonds
Ce qu’aucun n’aurait voulu croire,
Nous l’avons vu, nous qui vivons !

Tous ces maux, et d’autres encore,
Sont tombés sur ces fronts de la main du Seigneur.
Maintenant croyez à l’aurore !
Maintenant croyez au bonheur !

Croyez au ciel pur et sans rides !
Saluez l’avenir qui vous flatte si bien !
L’avenir, fantôme aux mains vides
Qui promet tout et qui n’a rien !

O rois ! ô familles tronquées !
Brusques écroulements des vieilles majestés !
O calamités embusquées
Au tournant des prospérités !

Tout colosse a des pieds de sable.
Votre abîme est, Seigneur, un abîme infini.