Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome II.djvu/300

Cette page n’a pas encore été corrigée


II

Et ces voix qui passaient disaient joyeusement
« Bonheur ! gaîté ! délices !
» À nous les coupes d’or pleines d’un vin charmant !
» À d’autres les calices !

» Jouissons ! l’heure est courte et tout fuit promptement
» L’urne est vite remplie !
» Le nœud de l’âme au corps, hélas 1 à tout moment
» Dans l’ombre se délie !

» Tirons de chaque objet ce qu’il a de meilleur,
» La chaleur de la flamme,
» Le vin du raisin mûr, le parfum de la fleur,
» Et l’amour de la femme !

» Épuisons tout ! Usons du printemps enchanté
» Jusqu’au dernier zéphire,
» Du jour jusqu’au dernier rayon, de la beauté
» Jusqu’au dernier sourire !

» Allons jusqu’à la fin de tout, en bien vivant,
» D’ivresses en ivresses,
» Une chose qui meurt, mes amis, a souvent
» De charmantes caresses !

» Dans le vin que je bois, ce que j’aime le mieux
» C’est la dernière goutte.
» L’enivrante saveur du breuvage joyeux
» Souvent s’y cache toute !

» Sur chaque volupté pourquoi nous hâter tous,
» Sans plonger dans son onde,