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Je sais que tu brilles là-haut !
Alors je disais à la rive :
Vous êtes la gloire, et j’arrive.
Chacun de mes jours est un flot !


Je disais au bois : forêt sombre,
J’ai comme toi des bruits sans nombre.
A l’aigle : contemple mon front !
Je disais aux coupes vidées :
Je suis plein d’ardentes idées
Dont les âmes s’enivreront !


Alors, du fond de vingt calices,
Rosée, amour, parfums, délices,
Se répandaient sur mon sommeil ;
J’avais des fleurs plein mes corbeilles ;
Et comme un vif essaim d’abeilles,
Mes pensers volaient au soleil !


Comme un clair de lune bleuâtre
Et le rouge brasier du pâtre
Se mirent au même ruisseau ;
Comme dans les forêts mouillées,
A travers le bruit des feuillées
On entend le bruit d’un oiseau ;


Tandis que tout me disait : Aime !
Écoutant tout hors de moi-même,
Ivre d’harmonie et d’encens,
J’entendais, ravissant murmure,
Le chant de toute la nature
Dans le tumulte de mes sens !


Et roses par avril fardées,
Nuits d’été de lune inondées,
Sentiers couverts de pas humains,
Tout, l’écueil aux hanches énormes,