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VII

Ô Dieu ! si vous avez la France sous vos ailes,
Ne souffrez pas, Seigneur, ces luttes éternelles,
Ces trônes qu’on élève et qu’on brise en courant,
Ces tristes libertés qu’on donne et qu’on reprend,
Ce noir torrent de lois, de passions, d’idées,
Qui répand sur les mœurs ses vagues débordées,
Ces tribuns opposant, lorsqu’on les réunit,
Une charte de plâtre aux abus de granit,
Ces flux et ces reflux de l’onde contre l’onde,
Cette guerre, toujours plus sombre et plus profonde,
Des partis au pouvoir, du pouvoir aux partis,
L’aversion des grands qui ronge les petits,
Et toutes ces rumeurs, ces chocs, ces cris sans nombre,
Ces systèmes affreux échafaudés dans l’ombre,
Qui font que le tumulte et la haine et le bruit
Emplissent les discours, et qu’on entend la nuit
À l’heure où le sommeil veut des moments tranquilles,
Les lourds canons rouler sur le pavé des villes !

30 août 1835.