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LA MORT DU DUC DE BERRY.

T’impose, avant le saint baptême,
Le baptême du Béarnais.
La veuve t’offre à l’orpheline ;
Vers toi, conduit par l’héroïne,
Vient ton aïeul en cheveux blancs ;
Et la foule, bruyante et fière,
Se presse à ce Louvre, où naguère,
Muette, elle entrait à pas lents.

Guerriers, peuple, chantez ; Bordeaux, lève ta tête,
Cité qui, la première, aux jours de la conquête,
Rendue aux fleurs de lys, as proclamé ta foi.
Et toi, que le martyr aux combats eût guidée,
Sors de ta douleur, ô Vendée !
Un roi naît pour la France, un soldat naît pour toi.

IV



Rattachez la nef à la rive :
La veuve reste parmi nous,
Et de sa patrie adoptive
Le ciel lui semble enfin plus doux.
L’espoir à la France l’enchaîne ;
Aux champs où fut frappé le chêne
Dieu fait croître un frêle roseau.
L’amour retient l’humble colombe ;
Il faut prier sur une tombe,
Il faut veiller sur un berceau.

Dis, qu’irais-tu chercher au lieu qui te vit naître,
Princesse ? Parthénope outrage son vieux maître :
L’étranger, qu’attiraient des bords exempts d’hivers,
Voit Palerme en fureur, voit Messine en alarmes,
Et, plaignant la Sicile en armes,
De ce funèbre éden fuit les sanglantes mers.