Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome I.djvu/694

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

XV

MARCHE TURQUE.


Là — Allah — Ellàllah !
Koran.
Il n’y a d’autre dieu que Dieu.


Ma dague d’un sang noir à mon côté ruisselle,
Et ma hache est pendue à l’arçon de ma selle.

J’aime le vrai soldat, effroi de Bélial.
Son turban évasé rend son front plus sévère,
Il baise avec respect la barbe de son père,
Il voue à son vieux sabre un amour filial,
Et porte un doliman, percé dans les mêlées
De plus de coups, que n’a de taches étoilées

La peau du tigre impérial.


Ma dague d’un sang noir à mon côté ruisselle,
Et ma hache est pendue à l’arçon de ma selle.

Un bouclier de cuivre à son bras sonne et luit,
Rouge comme la lune au milieu d’une brume.
Son cheval hennissant mâche un frein blanc d’écume ;
Un long sillon de poudre en sa course le suit.
Quand il passe au galop sur le pavé sonore,
On fait silence, on dit : C’est un cavalier maure !

Et chacun se retourne au bruit.


Ma dague d’un sang noir à mon côté ruisselle,
Et ma hache est pendue à l’arçon de ma selle.