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ODE QUATRIÈME.

QUIBERON.


Un des effets des révolutions est d’attrister le caractère des peuples. Cela se voit en France, cela s’était vu en Angleterre. Ces grandes commotions ouvrant violemment le cœur de l’homme, on en découvre le fond qu’on n’aperçoit jamais sans effroi et sans douleur.
F. de La Mennais. Pensées diverses.


Pudor inde et miseratio.
Tacite.


I

Par ses propres fureurs le Maudit se dévoile ;
Dans le démon vainqueur on voit l’ange proscrit ;
L’anathème éternel, qui poursuit son étoile,
Dans ses succès même est écrit.
Il est, lorsque des cieux nous oublions la voie,
Des jours, que Dieu sans doute envoie
Pour nous rappeler les enfers ;
Jours sanglants qui, voués au triomphe du crime,
Comme d’affreux rayons échappés de l’abîme,
Apparaissent sur l’univers.

Poëtes qui toujours, loin du siècle où nous sommes,
Chantres des pleurs sans fin et des maux mérités,
Cherchez des attentats tels que la voix des hommes
N’en ait point encor racontés,
Si quelqu’un vient à vous vantant la jeune France,
Nos exploits, notre tolérance,