Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome I.djvu/501

Cette page n’a pas encore été corrigée

Il faut t’en avertir... A l’aurore prochaine,
Fuis, va tresser ailleurs tes longs cheveux d’ébène,
Ne viens plus sur ces bords rêver au jour passé ;
De peur, ô mon Emma, que là, sous cet ombrage,
Cette eau pure, où les yeux chercheront ton image,
Ne t’offre un cadavre glacé.

J’ose t’écrire ; hélas ! à nos ardeurs naissantes
Qu’eût servi jusqu’ici ce pénible secours ?
Les doux ; aveux de nos amours
À peine ont effleuré nos lèvres innocentes ;
Un mot faisait tous nos discours.
Mes regards te parlaient ; j’ai lu dans ton sourire.
Tu m’aimais sans transports, je t’aimais sans délire
C’est ainsi qu’on s’aime aux beaux jours.