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Ne traînait pas encor des jours voués au deuil ;
Fingal léguait son sceptre à sa race guerrière,
Et l’on voyait un trône où l’on voit un cercueil.
Écossais, tes rochers te servaient de barrière ;
L’Etranger méprisait, sans en franchir le seuil,
Ton indigence héréditaire ;
Mais la Liberté pauvre et fière,
Sur ces rocs dédaignés régnait avec orgueil.

Soudain de sinistres présages,
Sombres précurseurs des revers,
Troublent ces paisibles rivages,
Descendu des cieux entr’ouverts,
Fingal erre au sein des nuages ;
Sa lance est un faisceau d’éclairs ;
Son char roule sur les orages ;
L’aigle au loin le voit dans les airs [1],
Et, quittant ses roches sauvages,
S’enfuit vers la rive des mers.
Oubliant ta route étoilée,
Ô lune, alors pâle et voilée,
Tu cachas ton front dans les flots ;
Et Morven, au sein des ténèbres,
Entendit des harpes funèbres
Annoncer la mort des héros [2].

Voix funestes du sort, jusque alors inconnues,
Que n’avez-vous en vain proclamé son courroux !
Mais quand son souffle immense a rassemblé les nues,
L’ouragan retient-il ses coups ?



Le fracas des chars des batailles
Fait soudain du Lomon trembler les vieux frimas ;
Avide de nouveaux climats,
Edouard, de Stirling menaçant les murailles,
Apporte aux héros les combats[3].
Les héros ont saisi leur lance.
Ils ont vole vers cette armée immense

  1. Les Calédoniens croyaient que les aigles et les dogues avaient le don de voir les fantômes. (Note du manuscrit.)
  2. Quand un héros mourait ou devait mourir, la harpe gémissait d’elle-même. (Note du manuscrit.)
  3. Les six vers suivants ont été publiés dans le conservateur littéraire, et supprimés dans l’édition originale (1822) (Note du manuscrit.)