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La mer au loin bondit : de longs ébranlements
Font mugir de l’Etna les abîmes fumants.
Soudain sortent des bois les Cyclopes sauvages,
Ils descendent des monts et couvrent les rivages ;
Mais ces enfants d’Etna, portant leurs fronts aux cieux,
Nous menacent en vain de regards furieux.
Race horrible ! on croit voir dans un bois solitaire
Le cyprès de Diane ou l’arbre du tonnerre.

La voile est déployée au souffle heureux des vents,
On fatigue à l’envi les cordages mouvants ;
Mais les rocs de Scylla montrent de loin leurs cimes,
Et Charybde près d’eux fait gronder ses abîmes :
La mort est là : fuyons, ou redoublant d’efforts,
Suivons l’étroit canal sans toucher les deux bords.
Du détroit de Pélore accourt soudain Borée,
Du Pantage écumant nous franchissons l’entrée ;
Achéménide alors, vers Mégare et Tapsos,
Sur ces mers qu’il connaît dirige nos vaisseaux.
Ainsi, de tant d’écueils, dont elle était la proie,
Un compagnon d’Ulysse, un Grec, a sauvé Troie.


Du 17 au 10 octobre 1817.