Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome I.djvu/412

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
398
ODES ET BALLADES.

Le géant dans son antre, en hurlant de terreur,
Loin du jour ennemi se roule avec fureur ;
Mais Alcide le presse, et, d’un bras implacable,
D’arbres et de rochers à la fois il l’accable.
Cacus, n’espérant plus échapper au danger,
Par un dernier effort veut du moins se venger.
Ô prodige ! sa gorge, en sa caverne obscure,
Vomit en tourbillons une fumée impure ;
Le monstre, avec ses feux, souffle une affreuse nuit,
Et se cache aux regards du dieu qui le poursuit.
Parmi des flots épais et de flamme et de soufre,
Alcide impatient se plonge au sein du gouffre ;
Et malgré son courroux, malgré ses feux vaincus,
Dans ses bras vigoureux saisit le noir Cacus,
L’étreint, et, fier de voir sa vengeance assouvie,
Arrête dans sa gorge et son sang et sa vie.

Le dieu brise le seuil de ce fatal séjour ;
Les larcins de Cacus se découvrent au jour.
Le peuple, par les pieds, traîne son corps difforme,
De ses membres hideux il contemple la forme,
Il voit ses yeux sanglants, ses flancs noirs et velus,
Et ses feux expirants, qu’il ne redoute plus.


Du 2 février au 3 mars 1827