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ODES ET BALLADES.


III



la péri.

Ma sphère est l’Orient, région éclatante,
Où le soleil est beau comme un roi dans sa tente !
Son disque s’y promène en un ciel toujours pur.
Ainsi, portant l’émir d’une riche contrée,
Aux sons de la flûte sacrée,
Vogue un navire d’or sur une mer d’azur.

Tous les dons ont comblé la zone orientale.
Dans tout autre climat, par une loi fatale,
Près des fruits savoureux croissent les fruits amers ;
Mais Dieu, qui pour l’Asie a des yeux moins austères,
Y donne plus de fleurs aux terres,
Plus d’étoiles aux cieux, plus de perles aux mers.

Mon royaume s’étend depuis ces catacombes
Qui paraissent des monts et ne sont que des tombes,
Jusqu’à ce mur qu’un peuple ose en vain assiéger,
Qui, tel qu’une ceinture où le Cathay respire,
Environnant tout un empire,
Garde dans l’univers comme un monde étranger.

J’ai de vastes cités qu’en tous lieux on admire :
Lahore aux champs fleuris ; Golconde ; Cachemire ;
La guerrière Damas ; la royale Ispahan ;
Bagdad, que ses remparts couvrent comme une armure ;
Alep, dont l’immense murmure
Semble au pâtre lointain le bruit d’un océan.

Mysore est sur son trône une reine placée ;
Médine aux mille tours, d’aiguilles hérissée,