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LA FÉE ET LA PÉRI.


la fée.

Viens, bel enfant ! je suis la Fée.
Je règne aux bords où le soleil
Au sein de l’onde réchauffée
Se plonge, éclatant et vermeil.
Les peuples d’Occident m’adorent :
Les vapeurs de leur ciel se dorent,
Lorsque je passe en les touchant ;
Reine des ombres léthargiques,
Je bâtis mes palais magiques
Dans les nuages du couchant.

Mon aile bleue est diaphane ;
L’essaim des Sylphes enchantés
Croit voir sur mon dos, quand je plane,
Frémir deux rayons argentés.
Ma main luit, rose et transparente ;
Mon souffle est la brise odorante
Qui, le soir, erre dans les champs ;
Ma chevelure est radieuse,
Et ma bouche mélodieuse
Mêle un sourire à tous ses chants.

J’ai des grottes de coquillages ;
J’ai des tentes de rameaux verts ;
C’est moi que bercent les feuillages,
Moi que berce le flot des mers.
Si tu me suis, ombre ingénue,
Je puis t’apprendre où va la nue,
Te montrer d’où viennent les eaux ;
Viens, sois ma compagne nouvelle,
Si tu veux que je te révèle
Ce que dit la voix des oiseaux.