BALLADE DIXIÈME.
À UN PASSANT.
Au soleil couchant |
Maint voleur te suit ; |
Voyageur, qui, la nuit, sur le pavé sonore
De ton chien inquiet passes accompagné,
Après le jour brûlant, pourquoi marcher encore :
Où mènes-tu si tard ton cheval résigné ?
La nuit ! — Ne crains-tu pas d’entrevoir la stature
Du brigand dont un sabre a chargé la ceinture,
Ou qu’un de ces vieux loups, près des routes rôdants,
Qui du fer des coursiers méprisent l’étincelle,
D’un bond brusque et soudain s’attachant à ta selle,
Ne mêle à ton sang noir l’écume de ses dents ?
Ne crains-tu pas surtout qu’un follet à cette heure
N’allonge sous tes pas le chemin qui te leurre.
Et ne te fasse, hélas ! ainsi qu’aux anciens jours,
Rêvant quelque logis dont la vitre scintille