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ÉCOUTE-MOI, MADELEINE!


Si j’étais, ô Madeleine,
L’ermite de Tombelaine
Dans son pieux tribunal,
Quand ta bouche à son oreille
De tes péchés de la veille
Livre l’aveu virginal !…

Si j’avais, ô Madeleine,
L’œil du nocturne phalène,
Lorsqu’au sommeil tu te rends,
Et que son aile indiscrète
De ta cellule secrète
Bat les vitraux transparents ;

Quand ton sein, ô Madeleine,
Sort du corset de baleine,
Libre enfin du velours noir ;
Quand, de peur de te voir nue,
Tu jettes, fille ingénue,
Ta robe sur ton miroir !

Si tu voulais, Madeleine,
Ta demeure serait pleine
De pages et de vassaux ;
Et ton splendide oratoire
Déroberait sous la moire
La pierre de ses arceaux !

Si tu voulais, Madeleine,
Au lieu de la marjolaine
Qui pare ton chaperon,
Tu porterais la couronne
De comtesse ou de baronne,
Dont la perle est le fleuron !

Si tu voulais, madeleine,