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ODES ET BALLADES.


BALLADE NEUVIÈME.

ÉCOUTE-MOI, MADELEINE.


Pource aimez-moy cependant qu’estes belle.
Ronsard.



Écoute-moi, Madeleine !
L’hiver a quitté la plaine
Qu’hier il glaçait encor.
Viens dans ces bois d’où ma suite
Se retire, au loin conduite
Par les sons errants du cor.

Viens ! on dirait, Madeleine,
Que le printemps, dont l’haleine
Donne aux roses leurs couleurs,
A, cette nuit, pour te plaire,
Secoué sur la bruyère
Sa robe pleine de fleurs.

Si j’étais, ô Madeleine,
L’agneau dont la blanche laine
Se démêle sous tes doigts !…
Si j’étais l’oiseau qui passe,
Et que poursuit dans l’espace
Un doux appel de ta voix !…