Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome I.djvu/340

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
326
ODES ET BALLADES.


À M. LOUIS BOULANGER.


BALLADE HUITIÈME.

LES DEUX ARCHERS.


Dames, oyez un conte lamentable.
Baïf.


Écoutez l’étrange aventure…
Émile Deschamps.


Un feu vengeur s’alluma au milieu des rebelles,
La flamme dévora les impies.

Genèse.


C’était l’instant funèbre où la nuit est si sombre,
Qu’on tremble à chaque pas de réveiller dans l’ombre
Un démon, ivre encor du banquet des sabbats ;
Le moment où, liant à peine sa prière,
Le voyageur se hâte à travers la clairière ;
C’était l’heure où l’on parle bas.

Deux francs archers passaient au fond de la vallée,
Là-bas ! où vous voyez une tour isolée,
Qui, lorsqu’en Palestine allaient mourir nos rois,
Fut bâtie en trois nuits, au dire de nos pères,
Par un ermite saint qui remuait les pierres
Avec le signe de la croix.

Tous deux, sans craindre l’heure, en ce lieu taciturne,
Allumèrent un feu pour leur repas nocturne ;