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RÊVES.


V



Si ma muse envolée
Porte son nid si cher
Et sa famille ailée
Dans la salle écroulée
D’un vieux baron de fer ;

C’est que j’aime ces âges
Plus beaux, sinon meilleurs,
Que nos siècles plus sages ;
À leurs débris sauvages
Je m’attache, et d’ailleurs

L’hirondelle enlevée
Par son vol sur la tour,
Parfois, des vents sauvée,
Choisit pour sa couvée
Un vieux nid de vautour.

Sa famille humble et douce,
Souvent, en se jouant,
Du bec remue et pousse,
Tout brisé sur la mousse,
L’œuf de l’oiseau géant.

Dans les armes antiques
Mes vers ainsi joueront,
Et, remuant des piques,
Riront, nains fantastiques,
De grands casques au front.