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ODES ET BALLADES.


ODE ONZIÈME.

PAYSAGE.


Hoc erat in votis !
Horace.


Lorsque j’étais enfant : « Viens, me disait la Muse,
Viens voir le beau génie assis sur mon autel !
Il n’est dans mes trésors rien que je te refuse,
Soit que l’altier clairon ou l’humble cornemuse
Attendent ton souffle immortel.

« Mais fuis d’un monde étroit l’impure turbulence ;
Là, rampent les ingrats, là, règnent les méchants.
Sur un luth inspiré lorsqu’une âme s’élance,
Il faut que, l’écoutant dans un chaste silence,
L’écho lui rende tous ses chants !

« Choisis quelque désert pour y cacher ta vie.
Dans une ombre sacrée emporte ton flambeau.
Heureux qui, loin des pas d’une foule asservie,
Dérobant ses concerts aux clameurs de l’envie,
Lègue sa gloire à son tombeau !

« L’horizon de ton âme est plus haut que la terre.
Mais cherche à ta pensée un monde harmonieux,
Où tout, en l’exaltant, charme ton cœur austère,
Où des saintes clartés, que nulle ombre n’altère,
Le doux reflet suive tes yeux.

« Qu’il soit un frais vallon, ton paisible royaume,