ODE NEUVIÈME.
MON ENFANCE.
…Primus labor
…Animos atque arma videre
Bellantûm…
I
J’ai des rêves de guerre en mon âme inquiète ;
J’aurais été soldat, si je n’étais poëte.
Ne vous étonnez point que j’aime les guerriers !
Souvent, pleurant sur eux, dans ma douleur muette,
J’ai trouvé leur cyprès plus beau que nos lauriers.
Enfant, sur un tambour ma crèche fut posée.
Dans un casque pour moi l’eau sainte fut puisée.
Un soldat, m’ombrageant d’un belliqueux faisceau,
De quelques vieux lambeau d’une bannière usée
Fit les langes de mon berceau.
Parmi les chars poudreux, les armes éclatantes,
Une muse des camps m’emporta sous les tentes ;
Je dormis sur l’affût des canons meurtriers ;
J’aimai les fiers coursiers, aux crinières flottantes,
Et l’éperon froissant les rauques étriers.