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À LA COLONNE DE LA PLACE VENDÔME.

Il pardonne aux fleurons de nos ducs militaires,
Si ce ne sont que des lauriers.

Bronze ! il n’a donc jamais, fier pour une victoire,
Subi de tes splendeurs l’aspect expiatoire ?
D’où vient tant de courage à cet audacieux ?
Croit-il impunément toucher à nos annales ?
Et comment donc lit-il ces pages triomphales
Que tu déroules dans les cieux ?

Est-ce un langage obscur à ses regards timides ?
Eh ! qu’il s’en fasse instruire au pied des Pyramides,
À Vienne, au vieux Kremlin, au morne Escurial !
Qu’il en parle à ces rois, cour dorée et nombreuse,
Qui naguère peuplait d’une tente poudreuse
Le vestibule impérial !

IV



À quoi pense-t-il donc, l’étranger qui nous brave ?
N’avions-nous pas hier l’Europe pour esclave ?
Nous, subir de son joug l’indigne talion !
Non ! au champ du combat nous pouvons reparaître.
On nous a mutilés ; mais le temps a peut-être
Fait croître l’ongle du lion.

De quel droit viennent-ils découronner nos gloires ?
Les Bourbons ont toujours adopté des victoires.
Nos rois t’ont défendu d’un ennemi tremblant,
Ô Trophée ! à leurs pieds tes palmes se déposent ;
Et si tes quatre aigles reposent,
C’est à l’ombre du drapeau blanc.

Quoi ! le globe est ému de volcans électriques ;
Derrière l’océan grondent les Amériques ;