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ODES ET BALLADES.

N’a point vu quelle main poussait ses chars de guerre
Du septentrion au midi !

II



Qui jamais de Clovis surpassa l’insolence,
Peuples ? dans son orgueil il plaçait son appui.
Ne mettant que le monde et lui dans la balance,
Il crut qu’elle penchait sous lui.
Il bravait de vingt rois les armes épuisées ;
Des nations s’étaient brisées
Sur ce Sicambre audacieux ;
Sur la terre à ses yeux rien n’était redoutable ;
Il fallut, pour courber cette tête indomptable,
Qu’une colombe vînt des cieux !

Peuples ! au même autel elle est redescendue !
Elle vient, échappée aux profanations,
Comme elle a de Clovis fléchi l’âme éperdue,
Vaincre l’orgueil des nations.
Que le siècle à son tour comme un roi s’humilie.
De la voix qui réconcilie
L’oracle est enfin entendu ;
La royauté, longtemps veuve de ses couronnes,
De la chaîne d’airain qui lie au ciel les trônes
A retrouvé l’anneau perdu.

III



Naguère on avait vu les tyrans populaires,
Attaquant le passé comme un vieil ennemi,
Poursuivre, sous l’abri des marbres séculaires,
Le trésor gardé par Remy.