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LES FUNÉRAILLES DE LOUIS XVIII.

Qui des douleurs portait le sceau ;
Pour que, victime consolée,
Du seuil noir de son mausolée,
Il pût voir encor son berceau.


IV



Oh ! qu’il s’endorme en paix dans la nuit funéraire !
N’a-t-il pas oublié ses maux pour nos malheurs ?
Ne nous lègue-t-il pas à son généreux frère,
Qui pleure en essuyant nos pleurs ?
N’a-t-il pas, dissipant nos rêves politiques,
De notre âge et des temps antiques
Proclamé l’auguste traité ?
Loi sage qui, domptant la fougue populaire,
Donne aux sujets égaux un maître tutélaire,
Esclave de leur liberté !

Sur nous un roi chevalier veille.
Qu’il conserve l’aspect des cieux !
Que nul bruit de longtemps n’éveille
Ce sépulcre silencieux !
Hélas ! le démon régicide,
Qui, du sang des Bourbons avide,
Paya de meurtres leurs bienfaits,
A comblé d’assez de victimes
Ces murs, dépeuplés par des crimes,
Et repeuplés par des forfaits !

Qu’il sache que jamais la couronne ne tombe !
Ce haut sommet échappe à son fatal niveau.
Le supplice où des rois le corps mortel succombe
N’est pour eux qu’un sacre nouveau.
Louis, chargé de fers par des mains déloyales,
Dépouillé des pompes royales,