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ODE DEUXIÈME.

L’HISTOIRE.


Ferrea vox.
Virgile.


I

Le sort des nations, comme une mer profonde,
À ses écueils cachés et ses gouffres mouvants.
Aveugle qui ne voit, dans les destins du monde,
Que le combat des flots sous la lutte des vents !

Un souffle immense et fort domine ces tempêtes.
Un rayon du ciel plonge à travers cette nuit.
Quand l’homme aux cris de mort mêle le cris des fêtes,
Une secrète voix parle dans ce vain bruit.

Les siècles tour à tour, ces gigantesques frères,
Différents par leur sort, semblables dans leurs vœux,
Trouvent un but pareil par des routes contraires,
Et leurs fanaux divers brillent des mêmes feux.

II



Muse, il n’est point de temps que tes regards n’embrassent ;
Tu suis dans l’avenir leur cercle solennel ;
Car les jours, et les ans, et les siècles ne tracent
Qu’un sillon passager dans le fleuve éternel.