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À DES PETITS ENFANTS EN CLASSE.


Juin 1820.

Vous qui, les yeux fixés sur un gros caractère,
L’imitez vainement sur l’arène légère,
Et voyez chaque fois, malgré vos soins nouveaux,
Le cylindre fatal effacer vos travaux,
Ce triste passe-temps, mes enfants, c’est la vie.
Un jour, vers le bonheur tournant un œil d’envie,
Vous ferez comme moi, sur ce modèle heureux,
Bien des projets charmants, bien des plans généreux ;
Et puis viendra le sort, dont la main inquiète
Détruira dans un jour votre ébauche imparfaite !

.   .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .

Êtres purs et joyeux, meilleurs que nous ne sommes,
Enfants, pourquoi faut-il que vous deveniez hommes ?
Pourquoi faut-il qu’un jour vous soyez comme nous,
Esclaves ou tyrans, enviés ou jaloux ?




Il n’y a plus rien d’original aujourd’hui à pécher contre la grammaire ; beaucoup d’écrivains nous ont lassés de cette originalité-là. Il faut aussi éviter de tirer parti des petits détails, genre qui montre de la recherche et de l’affectation. Il faut laisser ces puérils moyens d’amuser à ces gens qui mettent des intentions dans une virgule et des réflexions dans un trait suspensif, font de l’esprit sur tout et de l’érudition sur rien, et qui, dernièrement encore, à propos de ces piqueurs qui ont alarmé tout Paris, remirent sur la scène les hommes de tous les siècles et de tous les pays, depuis Caligula, qui piquait les mouches, jusqu’à don Quichotte, qui piquait les moines.




Campistron, comme Lagrange-Chancel, avait montré de bonne heure des dispositions pour la poésie, et cependant ils ne se sont jamais élevés tous les deux au-dessus du médiocre. Il est rare, en effet, que des talents si pré-