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quatrième, Brissot ; le cinquième, Club-des-Jacohins. Le bon curé léguera son patriotisme à ses enfants, et il les remettra aux soins de la patrie qui veille sur tous les citoyens vertueux. »




APRÈS UNE LECTURE DU MONITEUR.


Proëthès et Cyestris, vieux philosophes dont on ne parle plus, que je sache, soutinrent jadis contradictoirement une thèse à peu près oubliée de nos jours. Il s’agissait de savoir s’il était possible à l’homme de rire à gorge déployée et de pleurer à chaudes larmes tout à la fois. Cette querelle resta sans décision, et ne fit que rendre un peu plus irréconciliables les disciples d’Héraclite et les sectateurs de Démocrite. Depuis 1789, la question est résolue affirmativement ; je connais un in-folio qui opère ce phénomène, et il est convenable que la solution d’une dispute philosophique se trouve dans un in-folio. Cet in-folio est le Moniteur. Vous qui voulez rire, ouvrez le Moniteur ; vous qui voulez pleurer, ouvrez le Moniteur ; vous qui voulez rire et pleurer tout ensemble, ouvrez encore le Moniteur.

Quelque bonne volonté que l’on apporte à juger l’époque de notre régénération, on ne peut s’empêcher de trouver singulière la façon dont cet âge de raison préparait notre âge de lumières. Les académies, collèges des lettres, étaient détruites ; les universités, séminaires des sciences, étaient dissoutes ; les inégalités de génie et de talent étaient punies de mort, comme les inégalités de rang et de fortune. Cependant il se trouvait encore, pour célébrer la ruine des arts, des orateurs éclos dans les tavernes, des poëtes vomis des échoppes. Sur nos théâtres, d’où étaient bannis les chefs-d’œuvre, on hurlait d’atroces rapsodies de circonstance, ou de dégoûtants éloges des vertus dites civiques. Je viens de tomber, en ouvrant le Moniteur au hasard, sur les spectacles du 4 octobre 1793 ; cette affiche justifie du reste les réflexions qu’elle m’a suggérées :

Théâtre de l’opéra-comique national. La première représentation de la Fête civique, comédie en cinq actes.

Théâtre national, La Journée de Marathon, ou le Triomphe de la Liberté, pièce héroïque en quatre actes.

Théâtre du vaudeville. La Matinée et la Vallée villageoises ; le Divorce ; l’Union villageoise.

Théâtre du lycée des arts. Le Retour de la flotte nationale.

Théâtre de la république. Le Divorce tartare, comédie en cinq actes.

Théâtre français comique et lyrique. Buzot, roi du Calvaods.