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France et rendu ses droits civiques, malgré la défiance que ses antécédents pouvaient inspirer. — Dès le lendemain, il conspirait contre la République, qu’il avait juré de maintenir. Il commença la corruption de l’armée par les revues et les ripailles de Satory. Trois ans après il fit le coup d’État. Le livre de M. Hugo en trace l’horrible, mais fidèle peinture en couleurs ineffaçables.

… Plus le temps a marché, plus la vérité de ces peintures est devenue frappante. Lisez Napoléon-le-Petit ; et l’ineptie, l’incurie, le gâchis de la campagne du Rhin ne vous étonneront plus ; la capitulation de Sedan et celle de Metz vous seront expliquées. Vous comprendrez tout.

… Quelques esprits timides, tout en comprenant l’indignation de l’auteur, avaient trouvé qu’il avait poussé trop loin l’expression de son mépris et de son dégoût. Eh bien ! l’événement a prouvé qu’il était resté au-dessous de la vérité.

… Ô vous qui voulez connaître dans quelles abominables mains notre malheureuse patrie était tombée, étudiez ce sanglant et magnifique ouvrage, admirable préface des Châtiments.

La maison Michel Lévy publia en 1875 l’édition in-octavo de Napoléon-le-Petit en même temps que celle des Châtiments. Il avait fallu sous l’empire adopter le petit in-32 plus facile à cacher ; et pendant le siège de Paris on avait tiré en grande hâte un édition in-16.

Lorsque parut cette édition en grand format, les journaux publièrent des articles. Voici quelques extraits :

Le Rappel.
Émile Blémont.

Ce n’est pas seulement, on le pense bien, une satisfaction de poète et de bibliophile que nous avons éprouvée en relisant cette prose vengeresse et ces vers sacrés dans leur nouvelle et imposante édition. Toutes nos émotions patriotiques se sont réveillées, puis nous avons senti une sorte de rayonnement et comme une sérénité plus profonde se faire en notre conscience quand nous avons feuilleté ces deux magnifiques volumes, dont l’ampleur même et la beauté matérielle symbolisent le triomphe de la vérité et de la justice.

Parlant de la Conclusion de Victor Hugo, Émile Blémont ajoute :

Malgré la défaite, malgré l’écrasement et le désespoir des nations, il sent « le progrès inclus dans le coup d’État » et formule en quelques lignes d’une prose magistrale l’idéal démocratique, dont il indique la prochaine réalisation. Qui dit poète, dit prophète. Il y a le souffle d’une Bible nouvelle dans la Conclusion de Napoléon-le-Petit.

La République française.

Nous venons de relire dans la belle édition en grand format de bibliothèque que la maison Michel Lévy a livrée ces jours derniers au public ces deux livres si connus, si répandus, si populaires, Napoléon-le-Petit et les Châtiments. On nous pardonnera de ne point taire les sentiments que cette lecture a réveillés en nous. Comment d’ailleurs pourrions-nous garder le silence ? Ces chefs-d’œuvre ne laisseront jamais indifférents les Français de tous les âges et de tous les temps qui se laisseront aller aux souvenirs qu’ils évoquent, aux graves et salutaires impressions qu’ils laissent dans les âmes honnêtes.

… Il faut s’incliner, relire, penser, et, l’âme ouverte à la foi, marcher vers le droit et la lumière avec courage et patience, avec fierté et douceur.

III
NOTICE BIBLIOGRAPHIQUE.

Napoléon-le-Petit, par Victor Hugo. — Londres, Jeffs, libraire-éditeur ; Bruxelles, A. Martens, faubourg de Cologne (imprimerie A. Labroue et Cie), 1852, in-12. — Édition originale.

Napoléon-le-Petit. — Édition in-32, publiée chez les mêmes éditeurs (Londres et Bruxelles), environ un mois après l’édition originale. Prix : 2 fr. 50.