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maison d’Autriche en Espagne, autrement, mais par la même loi providentielle. La monarchie est morte entre ses mains. Aujourd’hui cette maison n’est plus représentée en Europe que par un jeune homme, innocent du passé et fatigué de l’avenir, digne de sympathie, car il est malheureux, et digne de respect, car il est innocent, qui aurait pu être l’élève de M. de Chateaubriand et qui n’est que l’élève de M. M. de Lévis. De ce côté de l’avenir, la lumière s’en va.

La maison d’Orléans, ayant pour chef un homme considérable, Louis-Philippe, mêlée à notre histoire révolutionnaire, accessible au siècle, ouverte au progrès, a pu faire quelque temps illusion aux hommes de la liberté. Mais quoique appuyée sur ces quatre princes dont M. de Metternich a dit : ce sont des jeunes hommes comme on en voit peu et des princes comme on n’en voit pas, quoique sanctifiée par les vertus vénérables de la reine Marie-Amélie, quoique illustrée par la grande âme de Madame la duchesse d’Orléans, la maison d’Orléans, trop révolution pour la monarchie et trop monarchie pour la révolution, ne sera jamais qu’une transition. Une nation se meut toujours, en avant ou en arrière. Si la France recule, elle tombera de la branche cadette à la branche aînée ; si elle avance, elle ira de la famille de Philippe-Égalité à la République.



Page 178. […avec Ferdinand II de Naples, dans la cage des hyènes.]

Ô Ferdinand de Naples qui avez tant de fois biffé votre signature au bas de vos serments, ô Nicolas de Russie qui avez tué la Pologne à coups de couteau, que pensez-vous de cet homme ? En êtes-vous content ? Le trouvez-vous assez faussaire pour être prince et assez assassin pour être empereur ?



Page 190. [Peu à peu la ruine se prépare…]

Cela est vieux, dites-vous ; précisément ! c’est parce que cela est vieux que cela se meurt.

Combien de temps croyez-vous que cette vieillerie puisse durer encore ?

Ah ! Europe monarchique, refaite à coups d’épée tous les quarts de siècle, Europe de Charlemagne, Europe de Philippe Auguste, Europe de Charles-Quint, Europe de Richelieu, Europe de Louis XIV, Europe de Frédéric II, Europe de Napoléon, guerres sans fin, guerres de religion, guerres de conquêtes, guerres de succession, guerres de princes, guerres de papes, ici l’inquisition, là les francs-juges, le Rhin rouge du sang des anabaptistes, le Danube rouge du sang des juifs, le Tage rouge du sang des maures, la Seine rouge du sang des huguenots, Leyde où les seigneurs écrasent les paysans, Sempach où les paysans écrasent les seigneurs, mille ans de bûchers, de gibets, d’échafauds et de batailles, de sang versé, aujourd’hui oppression et menaces de toutes parts, la Suisse sous les pieds du Sonderbund ressuscité, les duchés sous les pieds du Danemark, les provinces rhénanes sous les pieds de la Prusse, l’Irlande sous les pieds de la Grande-Bretagne, la Sicile sous les pieds du roi de Naples, la Hongrie et l’Italie sous les pieds de l’Autriche, la Russie sur la tête de